Léo « En fait, j’ai peur de mourir comme clochard, j’ai peur de mourir d’être laissé par le système, d’être juste un simple numéro comme ça, mourir seul dans mon coin, je trouve ça triste. Franchement ça me fait peur quoi ».
Diane « Je n’ai pas grandi normalement, clairement, je n’ai pas grandi normalement et j’ai grandi trop vite […] ».
Julien « […] déjà, avoir de l’eau chaude, une habitation correcte c’est déjà pas mal mais c’est la solitude qui pèse en fait parce que j’ai beau avoir des amis […] ».
Rapport de recherche
Le Service Droit des Jeunes de Namur accompagne de plus en plus de jeunes faisant l’objet d’exclusion et/ou de difficultés d’insertion, d’intégration professionnelle; des jeunes en situation de « débrouille » qui, dans l’attente d’une décision (ou après une décision négative) du SAJ ou du CPAS ou d’une aide adaptée, sont amenés à errer, zoner, (ne plus) espérer. Ces jeunes sont à la rue, hébergés temporairement par des amis, passant d’un centre d’accueil/squat à un autre, … Les situations sont multiples, complexes et dans le même temps, tellement singulières. Et, chacune nous rappelle que le phénomène de précarité et de pauvreté chez les jeunes est plus que jamais d’actualité.
Âgés de douze, quatorze, quinze, dix-sept, vingt ans, les histoires de vie de ces jeunes sont teintées de violences diverses (familiales, sexuelles, psychologiques, physiques, relationnelles, institutionnelles, …) dont ils gardent inévitablement les séquelles. En tant que professionnels, porte-paroles de leurs expériences, nous avons le sentiment qu’ils ont trop vécu de choses, trop vite et trop tôt. Ils ont déjà vécu bien des violences malgré leur jeune âge et vivent encore ce que personne ne devrait jamais vivre en toute une vie. Certains parents et jeunes expriment d’ailleurs explicitement le monde d’adulte dans lequel ces derniers ont été projetés et l’anormalité de leur situation.
Sur l’ensemble de nos accompagnements, les demandes relatives à l’obtention d’un RIS et à une mise en autonomie restent significativement dominantes; celles relatives au logement (perte et recherche d’un logement, insalubrité, régularisation de compteurs, bail précaire …) reviennent également de manière récurrente. L’engrenage de la précarité est sociétale, elle est largement étudiée et dénoncée.
Dans ce contexte, sur base de ces constats, de notre réalité de terrain et de nos inquiétudes, est né notre projet. Le but n’est pas une nouvelle fois de dire ce qui a déjà été si bien dit, mais bien, au départ des témoignages des onze jeunes namurois, de mettre en place une action de prévention sociale concrète et locale pour répondre, avec nos moyens, à un ou des besoin(s) identifiés. Nous vous laissons découvrir à la lecture de la présente recherche l’action de prévention établie.
Le lien social !
S’inscrivant dans la théorie de Serge Paugam sur « Le lien social », notre projet est porté principalement par l’expression type « compter pour et compter sur ». L’analyse de l’auteur nous a conduits à interroger la façon dont nous pourrions agir sur ce lien et sur les fractures identifiées par les jeunes. Ce concept est constitué de quatre ramifications spécifiques : le lien de filiation (ressources familiales), le lien de participation élective (ressources amicales, amis/conjoint), le lien de participation organique (intégration professionnelle) et le lien de citoyenneté (reconnaissance des droits).
Le rapport de recherche, compte-rendu de nos rencontres, de nos observations, de nos actions, est divisé en quatre chapitres :
D’abord, l’origine de notre projet ;
Ensuite, la méthodologie de la recherche ;
Après, l’analyse des récits de vie des jeunes rencontrés ;
Et pour finir, l’action collective, à savoir, le focus-groupe et le parrainage.
Nous vous souhaitons une belle lecture de cette recherche-action.
Au plaisir d’échanger avec vous!